Dans l’esprit du grand public, l’épargnant oriente traditionnellement ses épargnes sur des actifs dont il espère une hausse de leurs valeurs. Mais pour des acteurs avisés ou des professionnels des marchés financiers, le gain peut aussi provenir d’une tendance baissière d’un titre. Tout comme le contrat « put » que nous avons précédemment vu dans l’article « Comprendre les options d’achat (« call ») et de vente (« put ») sur les marchés financiers », la vente à découvert, également connue sous le nom de short selling en anglais, est aussi une technique de trading permettant à un investisseur d’anticiper à la baisse le prix d’un actif (exemple : une action).
Comment fonctionne une vente à découvert :
Le principe de la vente à découvert (ou short selling en anglais) est de vendre un actif avant de l’avoir acheté. Cette stratégie de trading se déroule en 3 étapes :
- Notre investisseur devra emprunter cet actif auprès d’un autre acteur du marché (contre des frais d’emprunt) pour le vendre dans la foulée ;
- L’objectif pour notre investisseur est de profiter d’une baisse à court terme de la valeur de marché de l’actif sous-jacent pour le racheter et rembourser le prêteur ;
- Avec la baisse du prix de l’actif, notre investisseur réalise donc un gain. Le bénéfice brut (hors coût de l’emprunt et autres frais annexes) sera donc la différence entre la valeur de vente en étape 1 et la valeur d’achat en étape 3.
Prenons un exemple concret pour bien comprendre le principe de la vente à découvert :
Le contexte :
Je suis un investisseur et à l’aide de la presse spécialisée et des communiqués des analystes de marché, je comprends que le cours de l’action d’APPLE actuellement à 195 USD, est surévalué. J’anticipe donc une baisse de son prix de marché.
Mise en œuvre de la stratégie de la vente à découvert :
Je me tourne alors vers un courtier pour emprunter une action APPLE pour une durée de 7 jours et je la vends de suite à 195 USD. A J+0, j’ai donc une entrée de cash de 195 USD et une dette d’une action APPLE. Au bout de la maturité contractuelle de 7 jours, deux situations sont possibles :
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Situation n°1 :
Mon anticipation est bonne car la valeur de l’action APPLE est tombée à 170 USD (vs 195 USD). Je vais donc utiliser une partie du cash reçu à J+0 pour acheter une action APPLE afin de rembourser le courtier. Mon bénéfice brut (hors coût d’emprunt et autres fais annexes) est alors de 25 USD (195 – 170 = 25).
Situation n°2 :
Mon anticipation est incorrecte et la valeur de l’action APPLE a grimpé pour atteindre en quelques jours 200 USD (vs 195 USD). Ma perte théorique brut à cet instant est de 5 USD (195 – 200 = -5). Si je suis persuadé que cette tendance haussière va se poursuivre, je peux alors décider d’acheter l’action pour rembourser le courtier afin de limiter la perte. Sinon, je décide de proroger ma vente à découvert en payant des frais de prorogation.
Les plus et moins de la vente à découvert :
La vente à découvert (ou short selling) permet à un investisseur d’intervenir sur les marchés financiers sans avoir la liquidité nécessaire. L’emprunt des titres auprès d’un acteur de marché permet ainsi d’anticiper voire de spéculer à la baisse le prix d’un actif.
Les gains en pariant sur la baisse d’un actif est possible mais limités car le cours d’une action possède un plancher naturel à zéro. A l’inverse, la hausse du cours d’une action n’a théoriquement pas de plafond. Cela signifie que la perte théorique dans une vente à découvert peut être illimitée.
Pour les autorités de régulation, cette technique peut être utilisée à des fins de manipulation des cours pouvant avoir des conséquences dramatiques. L’effet de masse d’une vente à découvert sur un titre ciblé associé à la diffusion de rumeurs de marché plus ou moins fondées aura pour résultat, un effondrement de la valeur d’une action sans forcément avoir une cohérence avec la réalité économique de l’entreprise concernée. La vente à découvert peut donc participer activement au phénomène de prophétie auto-réalisatrice. C’est la raison pour laquelle, les régulateurs financiers surveillent attentivement de telles pratiques pour prévenir toute manipulation injuste des cours.
Pour conclure :
Avec la vente à découvert (et d’autres produits à effet de levier), le trader peut avoir une stratégie diversifiée sur les deux tableaux, à la hausse sur des actifs à potentiel (position longue) et à la baisse (position courte). Compte tenu du risque lié à cette de technique de trading, le short selling doit être pratiqué par des acteurs avisés ayant une parfaite connaissance des marchés financiers et un profil risque bien déterminé.