Cellules cancéreuses - National Cancer Institute - Unsplash

L’espoir d’un vaccin contre le cancer avec la technique de la reprogrammation cellulaire

Une équipe de scientifiques de l'Université de Stanford aux Etats-Unis a réussi à éliminer totalement la leucémie chez la souris
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Une équipe scientifique de l’Université de Stanford aux Etats-Unis a réussi par la reprogrammation cellulaire, à éliminer totalement une leucémie chez la souris. C’est un véritable signe d’un espoir pour l’humanité dans sa lutte contre le cancer.   

Pour comprendre l’importance des résultats des travaux de recherches menés par les scientifiques de l’Université de Stanford, il est nécessaire de rappeler que le cancer est aujourd’hui la deuxième cause de mortalité dans le monde. Selon l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer, on dénombre en 2020, 19.3 millions de nouveaux cas de cancer diagnostiqués dans le monde. Ce chiffre était déjà bien élevé en 2018 avec 18.1 millions de nouvelles personnes touchées par cette maladie. Les données concernant la mortalité sont aussi alarmantes et mettent en évidence l’aspect mortifère de cette maladie. Selon le dernier rapport de l’agence, 9.96 millions de personnes sont décès du cancer en 2020. Ce tableau noir nous pousse naturellement à nous intéresser aux travaux de l’équipe du professeur Ravi Majeti.

Key Global Cancer Data for 2020 par l'Agence Internationale de la Recherche sur le Cancer
Key Global Cancer Data for 2020 – International Agency For Research On Cancer

Cette équipe va surtout travailler sur l’un des cancers du sang, la leucémie. Avant d’aller plus loin, revenons sur la définition de ce type de cancer. Avec 474 519 nouveaux cas en 2020, la leucémie fait partie des cancers rares. C’est une maladie qui affecte le système sanguin. Il s’agit d’un dérèglement qui se traduit par un surnombre anormal de globules blancs qui envahit la moelle osseuse et ou le sang et qui peut donc entrainer la propagation de la maladie vers d’autres régions du corps humain. Les traitements sont lourds, on parle de chimiothérapie et de greffe.

L’intuition de l’équipe du professeur Ravi Majeti est de débuter leur réflexion par la cellule appelée lymphocytes T, pourquoi ? Les lymphocytes T sont des cellules tueuses qui constituent une réponse immunitaire efficace contre les virus et les cancers. Alors, pourquoi elles n’agissent pas lorsqu’elles croisent les cellules cancéreuses ? Pour qu’elles puissent se mettre en action, il faut d’abord les stimuler et puis les aider à reconnaitre le cancer. Et ce stimulus s’appelle APC pour « antigen presenting cells ». Il faut donc que le lymphocyte T puisse rencontrer un APC. Pour ce faire, l’équipe scientifique de Stanford va utiliser la technique de la reprogrammation cellulaire pour convertir une cellule en une autre. L’expérience commence avec une souris touchée par la leucémie. Les scientifiques vont alors prélever une cellule cancéreuse pour la reprogrammer en APC type macrophage qui est une cellule d’origine sanguine. Une fois la cellule reprogrammée en macrophage, elle est réintroduite dans la souris pour jouer son le rôle de stimulateur mais aussi de révélateur puisque cette cellule initialement cancéreuse, va dévoiler la carte d’identité complète du cancer permettant ainsi une réponse immunitaire à la fois efficace et ciblée. 

Les résultats sont stupéfiants et surtout plein d’espoir. En injectant ce traitement vaccinal, la souris a réussi à éliminer totalement le cancer. 100 jours plus tard, l’équipe a réintroduit le cancer dans la souris et la réponse immunitaire était toujours forte. Le système de défense a donc appris du traitement initial. Logiquement, les expériences se sont alors déportées sur les tumeurs dures mais les résultats obtenus ne montrent pas une réponse immunitaire aussi efficace que celle de la leucémie. Toutefois, l’utilisation d’APC issues de cellules cancéreuses a permis d’améliorer considérablement la probabilité de survie. Avec un tel résultat, tout est permis même de croire à un futur vaccin contre le cancer.

L’équipe du Professeur d’Hématologie Ravi Majeti a démontré que les cellules cancéreuses reprogrammées pouvaient entraîner une contre-attaque durable et systémique contre le cancer chez la souris. Il faut désormais voir si la réponse immunitaire est du même ordre chez l’homme, ce qui ouvrirait la voie vers un vaccin thérapeutique contre le cancer.