Le 25 août 1539, le Roi de France François Ier, promulguait l’ordonnance le Villers-Cotterêts, l’un des actes les plus importants de son règne. Au cœur de cette réforme audacieuse se trouvent les articles 110 et 111 toujours en vigueur à ce jour, une disposition qui marque un tournant décisif dans l’Histoire de la France.
L’Article 110 et 111 : le français comme la langue de l’Administration et de la Justice en France
Ces deux articles sont à ce jour les plus anciens textes juridiques français toujours en vigueur. Il est indispensable de les relire pour apprécier leur portée dans l’Histoire de la France :
- Article 110 : « Et afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude ne lieu à demander interprétation »
- Article 111 : « Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d’oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences testaments, et autres quelconques, actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement »
Article 111 – Ordonnance de Villers-Cotterêts – Archives Nationales – PDM 1.0 DEED – Wikimedia Commons
Ces deux textes ordonnent donc que l’Etat Civil et la Justice devront désormais s’exprimer en français. C’est le début de la diffusion de la langue française dans le Royaume de France afin de marginaliser les patois locaux qui sont à l’époque majoritairement parlés en France, et d’abandonner la langue de l’Eglise à savoir le latin.
Le français deviendra très rapidement la langue de la haute société et des intellectuels tels que les écrivains. Elle sera par la suite pratiquée par toute l’aristocratie et toute personne aisée dans les principaux pays d’Europe. Le Français sera également la langue utilisée dans de nombreux traités internationaux, sans doute parce qu’elle est précise et évince donc toute ambiguïté.
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La langue, un outil identitaire et d’unification d’un peuple
En imposant le français comme langue officielle des actes juridiques et civiques, les articles 110 et 111 ont contribué à la création d’une identité nationale cohérente. Il est acquis que l’identité d’un peuple ou d’une ethnie s’exprime à travers sa langue, une langue commune qui contribue donc à l’union d’un peuple derrière son leader. Le Roi de France tente ainsi de créer autour de lui, une union du peuple français en passant par l’unification linguistique.
Avec le français comme la langue officielle pour la Justice et l’Administration, François 1er accentue la centralisation du pouvoir. Une centralisation qui a débuté il y a un peu plus de 3 siècles avec le plus célèbre des rois capétiens, Philippe II Auguste, en concentrant le pouvoir à Paris.
Ainsi, l’article 111 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts n’est pas simplement une directive administrative, il est avant tout un acte fondateur qui a contribué à modeler l’identité nationale de la France.
Conclusion :
À travers cette mesure, François Ier a jeté les bases d’une nation unifiée, où la langue française est devenue non seulement le véhicule des lois, mais aussi le symbole de l’unité et de la souveraineté nationale.
Il faudra cependant attendre 1992 pour le français soit inscrit dans la Constitution et qu’elle devienne alors la langue officielle de la France et de tous les français.