Le 24 août 1572, le Massacre de la Saint-Barthélemy

La Massacre de la Saint Barthélémy est le point culminant des Guerres de Religion en France au XVIème siècle
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La France du XVIème siècle est fortement marquée par des tensions religieuses profondes qui se sont traduites par près de quarante ans de guerres civiles aussi appelées les Guerres de Religion, des conflits sanglants entre les catholiques et les protestants. Le point culminant de cette opposition sera le Massacre de la Saint Barthélémy du 24 août 1572 faisant des milliers de morts chez les huguenots c’est-à-dire les protestants français.

Les racines de ces conflits remontent à la naissance du protestantisme au début du XVIème siècle, initiée par l’allemand Martin Luther prônant un retour à la pratique religieuse chrétienne proche du message du Christ. Ce courant chrétien qui dénonce notamment la pratique excessive du culte de la Vierge et des Saints, se propage en Europe. Ces idées réformées trouvent un écho favorable en France et de nombreuses personnes dont des nobles, adoptent le protestantisme et deviennent des huguenots, le nom donné aux protestants français.

L’Eglise catholique rejette complètement le protestantisme. Une scission se crée entre ces deux courants. Cette coexistence engendre des tensions et des rivalités politiques, et se traduira par la première Guerre de Religion en 1562 avec le massacre de Wassy provoqué par le Duc de Guise, fervent défenseur du catholicisme. D’autres conflits suivront ainsi que des périodes de paix, telles que l’Édit d’Amboise en 1563, qui accorde une certaine tolérance religieuse aux protestants, et la paix de Saint-Germain-en-Laye en 1570 qui marque la fin de la troisième Guerre de Religion et donne aux protestants la liberté de culte

Cependant, cette paix reste très fragile. Les critiques vives du Pape Grégoire XIII à l’encontre de la Paix de Saint-Germain-en-Laye contribuent évidemment à maintenir un climat tendu. La tension ne retombe pas chez les catholiques.

La situation a atteint un point critique le 24 août 1572 avec l’assassinat à Paris de l’Amiral Gaspard de Coligny, leader huguenot et partisan d’une politique de rapprochement entre les deux confessions. Cette date sera le point de départ du Massacre de la Saint Barthélémy. Mais nous arrivons trop vite sur ce tragique événement dont son récit nécessite de revenir sur la chronologie des faits.  

Massacre de la Saint Barthlmy - Francois Dubois - PDM 10 DEED

Massacre de la Saint Barthélémy – Francois Dubois – PDM 1.0 DEED

Il faut remonter à quelques jours avant le 24 août 1572 c’est-à-dire le lundi 18 août 1572. Pour apaiser les tensions et aller vers une paix religieuse, Catherine de Médicis, mère du Roi de France Charles IX, fait marier sa fille catholique Marguerite de Valois au protestant Henri de Navarre. Pour cette occasion, de nombreux protestants viennent à Paris, une ville extrêmement catholique.

Le vendredi 22 août 1572, l’amiral Gaspard de Coligny subit une tentative de meurtre. Les soupçons se posent sur les catholiques de Guise. Les nombreux huguenots venus à Paris pour assister au mariage d’Henri de Navarre s’agitent, font du bruit, protestent et réclament que justice soit faite.

Le samedi 23 août 1572, le roi Charles IX influencé par sa mère Catherine de Médicis, ordonne l’exécution des chefs huguenots. Paris ferme alors ses portes pour que les commandos puissent remplir leur mission.

Le dimanche 24 août 1572, c’est le début du Massacre de la Saint Barthélémy avec dès le matin, l’assassinat de l’Amiral Gaspard de Coligny. Les exécutions suivront sans distinction de fonction, d’âge, de sexe. L’ordre royal qui ciblait initialement les chefs huguenots a donc pris une tournure tragique. La ville de Paris s’est enflammée dans un massacre généralisé de protestants. Ce qui devait être une répression ciblée est devenu une nuit de terreur, où des milliers de huguenots ont été tués.

Assassinat de lAmiral de Coligny et la Saint Barthlmy - PDM 10 DEED

Assassinat de l’Amiral de Coligny et la Saint Barthélémy – A gauche : la tentative d’assassinat ratée & A droite : son exécution – PDM 1.0 DEED

Le 26 août 1572, Charles IX demande l’arrêt du massacre et déclare assumer l’entière responsabilité de cette tuerie. Le sang arrête de couler le samedi 30 août 1572. On dénombre entre 2 000 et 4 000 morts protestants en l’espace de quelques jours. Le Massacre de la Saint Barthélémy s’est également déporté dans d’autres villes du Royaume de France. Ces tueries ont fait près de 10 000 morts.

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Il n’existe pas de sources probantes permettant de désigner le responsable direct de ce massacre mais plusieurs hypothèses coexistent.

Catherine de Medicis - Entourage de Francois Clouet - PDM 10 DEED

Catherine de Médicis – Entourage de François Clouet – PDM 1.0 DEED

Commençons par Catherine de Médicis, mère du roi Charles IX. Selon certains historiens, il est possible que Catherine de Médicis ait commandité l’assassinat de l’Amiral Gaspard de Coligny voyant d’un mauvais œil sa proximité avec son fils Charles IX. Craignant que le chef huguenot puisse persuader Charles IX d’entrer en guerre contre l’Espagne pour secourir les protestants des Pays-Bas, Catherine de Médicis aurait ordonné l’assassinat de Gaspard de Coligny qui s’est soldé par un loupé. La crainte d’une vengeance des huguenots suite à cet échec serait le motif de l’exécution des chefs protestants.

Philippe II dEspagne - Google Art Project - PDM 10 DEED

Philippe II d’Espagne – Google Art Project – PDM 1.0 DEED

Une des hypothèses concernerait le Roi Philippe II d’Espagne pour au moins deux raisons. La première, purement religieuse, est de défendre la cause de l’Eglise catholique. La seconde est plutôt stratégique dans le but de préserver les intérêts espagnols aux Pays-Bas. Persuadé que l’Amiral Gaspard de Coligny enverrait à nouveau des troupes pour secourir les protestants des Pays-Bas, il aurait avec la complicité des Guises, planifié l’assassinat de l’Amiral et des chefs huguenots.

Charles IX - Franois Clouet - CC BY 20 DEED

Charles IX – François Clouet – CC BY 2.0 DEED

Charles IX lui-même serait le responsable du Massacre de la Saint Barthélémy. Dans le but de stabiliser le pays, il aurait donné son approbation pour l’exécution de tous les chefs huguenots. Mais la tuerie ne s’est pas limitée à la liste des personnes initialement ciblée. Elle s’est tragiquement élargie à toute la population protestante prisonnières de Paris. Malgré qu’il ne soit pas à l’origine de ce massacre, le roi Charles IX assumera officiellement la responsabilité de cet événement sanglant.

Le Massacre de la Saint-Barthélemy est une tragédie illustrant l’ampleur des divisions religieuses et politiques en France au XVIème siècle. Cet événement d’horreur, point culminant des Guerres de Religion, a laissé des cicatrices profondes. Cependant, l’Édit de Nantes promulgué en 1598 par Henri IV montre la voie vers la possibilité d’une coexistence pacifique en remplaçant les blessures du passé par la notion de mémoire. Cet édit accordant aux protestants la liberté de culte démontre aussi que Henri IV est peut-être le précurseur de la laïcité.

Cet événement et ce traité nous montrent que le devoir de mémoire est impératif afin de prévenir la répétition de l’histoire. En relatant les faits de la Saint-Barthélemy aux enfants à travers les programmes scolaires et aux adultes, la société se rappelle ainsi des conséquences dévastatrices de l’intolérance religieuse, et l’importance des mots et des actes en faveur de la compréhension, de la tolérance et de l’acceptation des différences au service de la paix.