L’origine et l’usage du point de base dans le jargon financier

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Le 12 décembre 2024, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé : « Le Conseil des gouverneurs a décidé, ce jour, d’abaisser les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE de 25 points de base. En conséquence, les taux d’intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront ramenés à respectivement 3,00 %, 3,15 % et 3,40 % à compter du 18 décembre 2024 ». Cet usage précis de l’expression « points de base », dans le contexte des politiques monétaires, est devenu indispensable pour décrire les variations des taux d’intérêt. Mais pourquoi emploie-t-on ce terme, et quelle est son origine ?

Un point de base (souvent abrégé en « bp ») correspond à 0,01 %, soit un centième de pour cent (ou 1/100). Ainsi, une variation de 25 points de base équivaut à une variation de 0,25 point du pourcentage de référence.

Par exemple, si un taux d’intérêt passe de 3,00 % à 3,25 %, on dira qu’il a augmenté de 25 points de base. Cette approche permet d’exprimer avec précision des changements souvent très faibles, mais qui impactent de manière significative sur les marchés financiers (les cours des obligations vs actions) et l’économie (la variation des prix).

L’utilisation des points de base répond à plusieurs besoins spécifiques dans le domaine financier :

Précision :

Dans les politiques monétaires ou les marchés obligataires, les variations des taux d’intérêt sont souvent très petites. Le point de base permet de quantifier ces changements de manière claire et sans ambiguïté. Dire qu’un taux augmente de 25 points de base évite toute confusion entre :

  • Une variation absolue (0,25 point => soit de 3.00% à 3.25%)
  • Et une variation relative (+0,25 % de la valeur initiale => soit de 3.00% à 3.0075%).

Clarté dans les communications :

Dans les communiqués des banques centrales ou des institutions financières, l’usage du point de base garantit une compréhension homogène par tous les acteurs du marché, qu’ils soient investisseurs, analystes ou journalistes.

Norme internationale :

Le « point de base » s’est imposé comme un standard mondialement et financièrement reconnu. Cet usage facilite la comparaison entre différents marchés financiers et systèmes économiques.

L’expression « point de base » trouve ses racines dans les pratiques des marchés financiers anglo-saxons, où elle est connue sous le nom de « basis point ». Ce terme a été utilisé pour la toute première fois dans les marchés financiers anglo-saxons, où il était nécessaire d’exprimer avec précision des changements à très faible amplitude des taux d’intérêt et les rendements obligataires.

Voici quelques éléments additionnels qui ont favorisé son émergence :

Lien avec la base 100 :

Le mot « base » fait référence à la base 100 utilisée pour les pourcentages. Un point de base représente ainsi un centième de cette base, soit 0,01 %.

Professionnalisation des marchés financiers :

Avec la montée en puissance des marchés obligataires et l’apparition d’instruments financiers complexes au 20ème siècle, le besoin d’une terminologie précise s’est fait sentir. Les variations des rendements ou des taux d’intérêt, souvent inférieures à un pourcent, exigeaient une unité qui reflète leur importance sans ambiguïté.

Adoption par les institutions internationales :

Des entités comme la Banque centrale européenne (BCE) ou la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) ont progressivement intégré cette terminologie dans leurs communications officielles, banalisant son usage.

L’annonce de la BCE du 12 décembre 2024 d’abaisser ses taux de « 25 pbs » se traduit de la manière suivante :  

  • Le taux de dépôt de 3,25 % à 3,00 %, soit une baisse de 25 points de base.
  • Le taux des opérations principales de refinancement de 3,40 % à 3,15 %.
  • Le taux de la facilité de prêt marginal de 3,65 % à 3,40 %.

Le point de base, avec sa définition simple et sa précision, est un outil essentiel dans le monde financier. Son usage garantit une communication efficace et homogène quant aux variations très fines des taux. Ancré dans l’histoire des marchés financiers anglo-saxons, il est aujourd’hui une norme internationale incontournable voire indélébile, comme l’illustre parfaitement le communiqué de la BCE. Dans un monde dominé par la finance où chaque fraction de pourcent peut avoir des conséquences majeures, le point de base offre un langage clair et universel.