L’affaire de la « Pizza Connection » est l’une des enquêtes judiciaires les plus médiatisées de l’Histoire des États-Unis, dévoilant un vaste réseau de trafic de drogue contrôlé par la mafia sicilienne et américaine. Ce réseau sophistiqué utilisait des pizzerias comme façade pour distribuer de l’héroïne et blanchir des millions de dollars de revenus illicites. Le FBI parle d’un chiffre d’affaires de 1.6 milliards de dollars généré par ce trafic d’héroïne entre 1975 et 1984. Cette affaire qui a conduit à un des procès les plus longs et les plus coûteux de l’histoire fédérale américaine, a été emblématique en mettant en avant la nécessité d’une collaboration entre les autorités internationales dans la lutte contre le crime organisé.
Notre point de départ, la Sicile et la chute de son parrain :
Dans les années 70, Gaetano Badalamenti était un parrain sicilien exilé sur son île mais malgré la distance et son cloisonnement, il était impliqué dans les cartels de drogue les plus prolifiques de l’époque commerçant avec les Bonanno de New-York, la fameuse famille au sein de laquelle s’était infiltré l’agent secret du FBI Joe Piston sous le nom très connu de Donnie Brasco.
En avril 1978, Gaetano Badalamenti s’était fait arrêter à Madrid par les autorités espagnoles en collaboration avec le FBI américain et la police italienne. Dans le même temps, les autorités américaines avaient lancé une vague d’arrestations d’une trentaine de personnes sur le sol US suivie de nombreuses perquisitions permettant de mettre la main sur de nombreux documents, de l’argent liquide, des armes, du matériel de logistique destiné au trafic de drogues et bien d’autres pièces compromettantes à l’encontre de ce réseau international œuvrant sur les quatre continents.
L’enquête qui a révélé la « Pizza Connection » :
Les procureurs Rudy Giuliani qui deviendra Maire de New-York et Louis Freeh qui sera par la suite Directeur du FBI, ont été les personnages clefs de cette histoire. Ce sont ces deux protagonistes qui à l’époque, avaient enquêté et révélé aux yeux du monde l’affaire dite de la « Pizza Connection » dans un procès qui avait débuté le 24 octobre 1985 et qui avait duré 17 mois.
Ces deux magistrats avaient dévoilé ce réseau international de trafic d’héroïne. Le point de départ était la Turquie et ses fournisseurs de morphine. Cette matière première était ensuite acheminée vers la Sicile pour y être transformée en héroïne. Une fois produite, cette drogue était envoyée aux Etats-Unis pour être revendue par le biais d’entreprises écran gérées par la mafia et dans les pizzérias, d’où le nom de « Pizza Connection ». Le butin y était blanchi sur place et une partie de la drogue était exportées vers d’autres pays d’Amérique du Sud.
Sur les 22 personnes mises en examen, 19 avaient été jugés et 18 avaient été condamnées. Les 3 personnes manquantes avaient été assassinées.
L’épilogue judiciaire et ses répercussions
Le 2 mars 1987, après 17 mois de témoignages et de délibérations, 18 des 19 jugés dont Gaetano Badalamenti et Salvatore Catalano (l’homme qui était le lien entre les Bonanno et la Sicile), avaient été reconnus coupables de trafic de drogue, de racket et de conspiration. Badalamenti et Catalano avaient écopé respectivement de 45 et 25 ans de prison. Ces condamnations ont été célébrées comme une victoire majeure dans la lutte contre le crime organisé.
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L’affaire de la « Pizza Connection » a eu des répercussions profondes sur la coopération internationale en matière de lutte contre le crime organisé. Elle a conduit à des accords d’extradition plus robustes entre les États-Unis et l’Italie, à la création de task forces internationales c’est-à-dire la formation de de groupes de travail intégrant plusieurs pays afin de renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le crime organisé, et à l’amélioration des techniques de surveillance électronique et de collecte de renseignements.
Cette affaire a aussi eu pour conséquence l’adoption de réformes législatives importantes. Aux États-Unis, des lois anti-blanchiment plus strictes ont été adoptées, incluant des exigences de déclaration plus rigoureuses pour les transactions financières suspectes et des sanctions accrues pour le blanchiment d’argent. Ces réformes ont renforcé la capacité des forces de l’ordre à détecter et à poursuivre les activités criminelles liées au trafic de drogue.
Conclusion
L’affaire de la « Pizza Connection » reste un exemple emblématique de la complexité et de la portée du crime organisé transnational. Grâce à une coopération internationale sans précédent et à des techniques d’enquête innovantes, les autorités ont réussi à démanteler un réseau sophistiqué de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. Les leçons tirées de cette affaire continuent d’influencer la lutte contre le crime organisé aujourd’hui, soulignant l’importance d’une collaboration internationale constante face à l’évolution du crime organisée caractérisée par des ramifications de plus en plus complexes et impliquant de nouveaux pays tels que ceux de la péninsule arabique.
Pour aller plus loin :
https://www.fbi.gov/history/famous-cases/pizza-connection