Boycott - Martin Abegglen - CC BY-SA 2.0 - Flickr

Connaissez-vous l’origine du verbe « boycotter » ?

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Si aujourd’hui nous utilisons couramment le verbe « boycotter » pour désigner l’acte de refuser de soutenir une entreprise, un produit ou une organisation, peu de gens connaissent son origine. Ce mot, qui s’est rapidement répandu dans le vocabulaire de nombreuses langues, trouve ses racines dans un événement historique marquant du XIXème siècle.

L’origine du verbe « boycotter » remonte à la fin de l’année 1879 début 1880 en Irlande, dans un contexte de tensions sociales et économiques entre fermiers irlandais et propriétaires terriens. À cette époque, un anglais du nom de Charles Cunningham Boycott, un agent foncier britannique au service d’un grand propriétaire terrien, gérait des terres dans le comté de Mayo, en Irlande. Les fermiers irlandais, écrasés par des loyers élevés et des conditions de vie difficiles, faisaient pression pour obtenir des réductions de loyer.

Sous l’impulsion de Charles Parnell et de la Land League, un mouvement de défense des droits des fermiers fut lancé pour inciter les propriétaires terriens à baisser les loyers. Cependant, Charles Boycott n’accepta que partiellement cette baisse des loyers. Face à son intransigeance, la Land League adopta une tactique inédite : ils appelèrent les fermiers et la communauté locale à cesser toute interaction avec lui.

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Le boycott prit une forme particulièrement frappante : plus personne ne voulait travailler pour Boycott, ni lui vendre de la nourriture, ni même lui adresser la parole. Les commerçants locaux refusèrent de lui vendre des biens, et de nombreux ouvriers agricoles démissionnèrent. Même le bureau de Poste cessa de traiter son courrier ! Charles Boycott, complètement isolé, ne pouvait plus gérer ses terres ni assurer sa subsistance.

Cette forme de protestation non violente, mais extrêmement efficace, attira rapidement l’attention de la presse britannique, qui fit largement connaître l’affaire. En quelques mois, le nom de Charles Boycott devint un symbole de résistance passive. C’est ainsi que le mot « boycott » entra dans le langage courant pour désigner ce type de stratégie.

Le terme se propagea rapidement au-delà des frontières de l’Irlande et du Royaume-Uni. En très peu de temps, il fit son entrée dans les langues européennes, ainsi que dans les langues non européennes comme le chinois et le japonais. Par exemple, « boycotter » se dit « boicotear » en espagnol, « boykott » en allemand, et « bojkot » en polonais. En français, ce verbe fit son apparition officiellement à la fin du XIXe siècle.

Aujourd’hui, « boycotter » est compris et utilisé dans le monde entier. Le concept de boycott demeure une forme de protestation à la fois non violente, puissante et moderne.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’un boycott, rappelez-vous que derrière ce mot devenu si commun, se cache l’histoire singulière d’un homme, Charles Boycott, dont le nom fut transformé en un symbole de contestation pacifique.