Le rôle des taux directeurs dans l’économie est fondamental. Ces instruments de politique monétaire utilisés par les banques centrales permettent aux gouverneurs de ces institution d’assurer leur mission principale de maîtrise l’inflation. Mais sa variation implique des effets sur l’Economie qui vont bien au-delà de la simple évolution des prix.
Dans la zone EURO, les taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) sont régulièrement ajustés pour répondre aux objectifs de stabilité des prix, à savoir une inflation à 2%. Depuis le 12 juin 2024, les taux directeurs de la zone EURO sont déclinés de la manière suivante :
- Taux de refinancement : 4,25 % ;
- Taux de prêt marginal : 4,50 % ;
- Taux de dépôt : 3,75 % ;
Comment ces taux peuvent influencer l’évolution des prix et de la stabilité financière de la zone monétaire ?
Qu’est-ce qu’un taux directeur ?
Un taux directeur est le prix auquel les banques commerciales empruntent ou placent leurs liquidités auprès de la banque centrale. Il existe trois principaux taux directeurs :
- Le taux de refinancement : taux auquel les banques commerciales empruntent des liquidités à court terme c’est-à-dire une maturité d’une semaine pour financer leurs activités quotidiennes.
- Le taux de prêt marginal : taux appliqué aux prêts d’urgence, c’est-à-dire d’une durée de 24 heures, que les banques commerciales sollicitent pour couvrir des besoins très ponctuels de liquidités.
- Le taux de dépôt : taux rémunérant les dépôts des banques commerciales auprès de la banque centrale.
Ces taux qui déterminent le coût du financement pour les banques commerciales, se déversent ensuite sur leurs clients, particuliers et entreprises, influençant mécaniquement le coût du crédit et la rémunération de l’épargne.
L’effet sur la demande intérieure et les prix (inflation)
Les taux directeurs affectent directement l’activité économique par le biais du coût du crédit et la rémunération des placements :
- Une hausse des taux directeurs rend le crédit plus coûteux pour les entreprises et les ménages, réduisant leurs investissements et leurs dépenses. Cela freine la demande globale et, par conséquent, diminue la pression inflationniste. Cette contraction de l’agrégat Demande est d’autant plus amplifiée dans une telle situation puisque la hausse de la rémunération des placements liée à la hausse des taux directeur va pousser les agents économiques à orienter leurs liquidités vers l’épargne au détriment de la consommation.
- À l’inverse, une baisse des taux qui est synonyme d’un crédit moins cher, stimule donc la consommation et l’investissement, et va alors nourrir l’inflation. Dans une situation de baisse des taux directeur, cette hausse de l’agrégat Demande est comme dans le raisonnement précédent, d’autant plus amplifier en raison d’une épargne moins rémunératrice. Les agents économiques auront alors un arbitrage en faveur de la consommation.
L’effet sur le taux de change et les flux de capitaux
Les taux directeurs influencent également la valeur de la monnaie nationale en agissant sur les flux de capitaux :
- Lorsque les taux directeurs augmentent, les placements en monnaie domestique deviennent plus attractifs grâce à une meilleure rémunération. Les investisseurs vont alors échanger de la monnaie en devises étrangères contre de l’Euro par exemple pour les placer sur des supports en Euro. Cela accroît donc la demande de monnaie domestique entraînant de ce fait, son appréciation sur les marchés des changes.
- À l’inverse, une baisse des taux réduit l’attractivité de la monnaie nationale, favorisant les placements en devises étrangères. Les investisseurs vont alors échanger des Euros par exemple, contre d’autres devises. Cela entraîne ainsi une dépréciation de la monnaie locale puisque la Demande en Euro par exemple, à baisser.
Ces fluctuations du taux de change ont des implications économiques importantes :
- Une appréciation de l’euro, par exemple, rend les importations moins chères, limitant ainsi l’inflation importée, mais peut nuire aux exportations européennes en les rendant plus coûteuses pour les acheteurs étrangers.
- Une dépréciation, quant à elle, stimule les exportations en rendant les produits européens plus compétitifs, mais renchérit les importations, ce qui peut alimenter l’inflation.
En conclusion
Les taux directeurs sont donc des outils puissants au service des banques centrales pouvant influencer l’économie réelle via la variation de la Demande (Consommation + Investissement).
Institution indépendante ayant pour mission principal de maîtriser l’inflation, les annonces sur les taux directeurs influencent de fait l’Economie d’un pays et de sa zone monétaire. Se pose alors et légitimement la question de la coordination entre la politique budgétaire, instrument de l’Etat par ses dépenses publiques et des prélèvements, et la politique monétaire qui agit en toute indépendance.