Hôtel Hanselbauer - Teilzeittroll - CC BY-SA 3.0 DEED - Wikimedia Commons

La Nuit des longs couteaux : le prélude de la tyrannie et de l’horreur

Avec la décapitation de la SA par l'exécution de leur chef Ernst Röhm, Hitler consolide son pouvoir
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La « Nuit des longs couteaux » qui n’est pas le nom originel de cet événement, s’est en réalité déroulée sur 3 jours du 30 juin au 2 juillet 1934. C’est l’un des passages les plus sombre de l’Histoire allemande qui s’est soldé par de nombreux assassinats et la décapitation de la SA (ou Sturmabteilung), l’organisation paramilitaire d’Adolf Hitler.

Pour comprendre le déclenchement de cette vague de meurtres ordonné et mené par le Chancelier allemand lui-même, il faut rappeler le contexte et revenir quelques mois en arrière, en janvier 1933. C’est précisément le 30 janvier 1933 qu’Adolf Hitler fut nommé Chancelier par le Président allemand, Paul Von Hindenburg. Une fois au pouvoir, Hitler comprit rapidement qu’il aura besoin du soutien des Conservateurs, des industriels et des élites allemandes pour consolider son pouvoir politique. Cette stratégie menée par Hitler est importante car il marque le début d’une rupture idéologique avec certains membres de son parti politique, le NSDAP (ou le Parti national-socialiste des travailleurs allemands).

Son frère d’armes, Ernst Röhm chef de la SA et profondément socialiste, n’était pas phase avec l’initiative de rapprochement d’Hitler. Delà commencèrent les tensions entre ces deux hommes. Le patron de l’organisation paramilitaire d’Hitler affirma de plus en plus sa fracture idéologique avec le chancelier et envisagea une seconde révolution dite sociale qui serait menée avec ou sans Hitler. Ce dernier fut rapidement mis au courant par des taupes au sein de la SA, de ces perspectives d’aller à son encontre.

A cette rupture idéologique s’ajoute le côté gênant du personnage Ernst Röhm. Dès la prise de pouvoir d’Hitler en janvier 1933, Ernst Röhm tenta mais en vain, de convaincre Hitler de le mettre à la tête de l’armée allemande persuadé que seuls les hommes de la SA étaient capables de réformer la force militaire actuelle. Mais Hitler ne se laissa pas convaincre. Au sein des sympathisants d’Hitler, Ernst Röhm avait une position mais aussi une personnalité qui pouvaient déstabiliser l’exécutif en place. En effet, il était à la fois le seul contradicteur d’Hitler au sein du partie et le chef d’une organisation paramilitaire regroupant près de 4 millions de membres. La possibilité d’un coup d’état réussi n’étant pas totalement improbable. N’oublions pas également que les comportements violents des hommes de la SA étant mal perçus par les Conservateurs, constituaient un point de faiblesse dans la consolidation du pouvoir d’Hitler. 

Face à cette menace de déstabilisation du pouvoir en place, 3 hommes conscients de la situation, s’associèrent pour convaincre Hitler de décapiter la SA. Il s’agissait de :

  • Hermann Göring : président du Reichstag ;
  • Heinrich Himmler : chef des SS, une division des SA qui était la garde rapprochée d’Hitler ;
  • Reinhard Heydrich : dirigeant du Service des Renseignements et du Maintien de l’ordre.

Leur rôle a été crucial car en révélant les actions violentes et sous aucun contrôle de la SA, les mœurs particulières des hommes de l’organisation, la volonté d’Ernst Röhm de lancer une nouvelle révolution contre Hitler et bien d’autres éléments, le chancelier s’est soit laissé convaincre ou a été conforté dans sa décision de déclencher la purge du 30 juin au 2 juillet 1934.

Le 29 juin 1934 au soir, Joseph Goebbels chef de la propagande informa Hitler d’une certaine agitation du côté de la SA Berlinoise, une information qui semblerait être fabriquée de toute pièce pour faire réagir Hitler. Cela fonctionna car Hitler donna l’instruction à Göring et Himmler de se rendre à Berlin pour s’occuper de ces SA. C’est l’élément déclencheur de la Nuit des longs couteaux.

Le 30 juin à 2h00, avec Goebbels, Hitler s’envola pour Munich afin se rendre à Bad Wiessee où les dirigeants SA dont Röhm résidèrent temporairement le temps d’un séminaire dont Hitler était également convié. A 4h00, Hitler est informé que les SA de Munich sont arrêtés et vers 7h00, Hitler et ses hommes arrivèrent à l’hôtel et les arrestations commencèrent. Le même jour vers midi, Hitler se rendit au QG de la SA à Munich pour annoncer l’arrestation d’Ernst Röhm accusé d’avoir comploté contre le pouvoir. Ce dernier sera exécuté le lendemain après-midi.

La vague des assassinats commencèrent dès la fin d’après-midi du 30 juin jusqu’au 2 juillet 1934. Les exécutions se passèrent principalement dans villes de Berlin et de Munich. Dans cette agitation, Hitler en profita pour liquider d’autres personnalités gênantes sans nécessairement de lien avec les SA. Dans ces victimes, nous pouvons citer trois exemples :

  • Kurt von Schleicher : ancien Chancelier allemand et Général de l’armée, il était perçu comme une menace potentielle en raison de ses liens avec des cercles politiques et militaires ;
  • Gustav Ritter von Kahr : homme politique allemand ayant joué un rôle important dans l’échec du putsch menée par Hitler en 1923 ;
  • Edgar Julius Jung : avocat, écrivain et conseiller politique conservateur ayant critiqué Hitler.

Selon certaines sources, on parle de 200 exécutés dans toute l’Allemagne comprenant des membres de la SA, ainsi que des opposants internes et des rivaux politiques perçus comme une menace par le régime d’Hitler.

La « Nuit des longs couteaux » est un chapitre sombre de l’histoire du Troisième Reich qui a permis à Adolf Hitler de consolider son pouvoir. La disparition d’Ernst Röhm correspond à l’élimination du seul opposant influant d’Hitler au sein du NSDAP.

L’autre gagnant est Heinrich Himmler, patron des SS. Après la « Nuit des longs couteaux », son organisation sera détachée de la SA et par la suite, elle deviendra une force dominante au sein du parti nazi.

La « Nuit des longs couteaux » est le prélude des horreurs et du climat de peur au sein de la société allemande qui seront orchestrés par le parti nazi d’Adolf Hitler.