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1566, l’année où les français n’ont pas vécu le même nombre de jours

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En 1566, alors que la France s’apprêtait à vivre un grand bouleversement administratif avec l’application de l’Édit de Roussillon signé le 9 août 1564, le royaume offrait une scène pour le moins curieuse : les français, selon leur région d’habitation, avaient vécu une année d’une durée différente. Tandis que certaines provinces comptaient 280 jours en 1566, d’autres n’avaient que 7 petits jours pour refermer ce millésime ! Ce phénomène fascinant met en évidence une époque durant laquelle le point de départ des années avant 1567 était différent selon les régions avec une absurdité absolue mais obligatoire en 1566 avec une année plus ou moins courtes selon le lieu où on habitait.

Avant 1567 et l’application de l’Édit de Roussillon, chaque région française fixait le début de son année selon ses propres traditions. Par exemple :

  • A Paris, le jour de Pâques marquait le début de l’année. Sa date étant mobile selon le calendrier lunaire, chaque année avait donc un nombre de jours différents ;
  • A Lyon, on attendait Noël pour commencer une nouvelle année, c’est-à-dire la date du 25 décembre ;
  • A Vienne, l’année débutait le 25 mars, à l’occasion de la fête de l’Annonciation.

Ces différentes dates rendaient la gestion administrative du royaume très complexe, avec des années civiles d’une durée variable, souvent très éloignées des 365 jours.

Le 9 août 1564, alors que le roi Charles IX se trouvait à Roussillon en Isère, il signa un décret permettant l’homogénéisation du calendrier en France : l’Édit de Roussillon. Ce texte, destiné à entrer en vigueur le 1er janvier 1567, imposait que désormais, l’année civile débuterait pour tout le royaume le 1er janvier, uniformisant ainsi le calendrier sur l’ensemble du territoire.

Ce décret royal visait à mettre fin à la cacophonie administrative provoquée par les calendriers régionaux disparates. Les confusions générées par ces débuts d’année différents compliquaient la gestion des documents officiels, la perception des impôts et les contrats commerciaux. Cet édit était indispensable pour l’efficience administrative du royaume.

C’est ainsi que le millésime 1566, dernière année avant l’application de l’Édit de Roussillon, était particulièrement stupéfiant en raison des durées radicalement différentes d’une région à l’autre. Pour permettre la transition vers le 1er janvier comme le début d’année unique en 1567, chaque région avait mécaniquement un nombre de jours bien éloigné des 365 jours en 1566 :

  • Dans les régions qui célébraient le Nouvel An au 25 mars, l’année 1566 comptait 280 jours, s’étendant du 25 mars 1566 au 31 décembre 1566 ;
  • Pour les régions où l’année commençait à Pâques, l’année s’étirait sur 261 jours, du 14 avril 1566 jusqu’au 31 décembre 1566 ;
  • Mais dans certaines zones, où le Nouvel An était traditionnellement fixé à Noël soit le 25 décembre, l’année 1566 se réduisait à une durée incroyablement courte de 7 jours, se terminant au 31 décembre 1566 ;

1566 était donc une année aux multiples visages, un fait unique dans l’histoire de France. Selon l’endroit où l’on se trouvait, le temps lui-même ne s’écoulait pas de la même manière. Alors que certains Français vécurent une année à 280 jours, d’autres n’en eurent que 7 jours pour dire adieu à 1566. Ce paradoxe temporel qui était dû à la diversité des pratiques calendaires régionales, avait pris fin avec l’Édit de Roussillon marquant ainsi, le passage vers une France plus cohérente.